Ca m'intéresse 1237-9-12 F M 123 Il y a trop d'argent dans le monde Chasseurs savez-vouS chasser? En couverture: Les OVNIS, hallucinations ou apparitions? ÉNERGIE: l'autre solution pour le nucléaire LE BROUILLARD : imprévisible et dangereux AIRBUS : l'avion qui inquiète les États-Unis LES PHARES : toujours au service des marins LA CALCULETTE : comment sait-elle compter? Une soucoupe volante glisse en silence sur Toulouse endormie : fiction d'illustrateur. Mais il existe de nombreux témoignages troublants. dos christian Broutin. N° 9 Novembre 1981 12 F Suisse : 5,50 FS- Belgique : 85 FB Les images cachées de votre corps Soucoupes volantes 44)..4 Une rumeur persistante depuis 30 ans... Canulars, illusions ou énigmes du siè- cle? Les ovnis sont énigmatiques et irri- tants. Pourquoi ? 20 ***** ARACIE Un vaisseau spatial gigantesque venu d'un autre système galactique, lachant des soucoupes volantes de reconnais- sance : c'est ainsi que certains "soucou- pistes" parmi les plus acharnés imagi- nent ce que pourrait être la rencontre avec une civilisation extra-terrestre. Rien, jus- qu'à présent, n'étaye un pareil fantasme. Mais il n'est pas interdit de rêver... 20 Ça m'intéresse N OFR F Den Ener 45080880 450ma Caracces Les objets volants non identifiés SOUCOUPES VOLANTES: hallucinations ou apparitions? Aucune preuve irréfutable ne justifie l'existence des objets volants non identifiés. Pourtant, en toute bonne foi, des millions de témoins affirment en avoir rencontré. Et les scientifiques eux-mêmes s'inquiètent de ces mystérieuses et obsédantes apparitions. Qu'en est-il donc de ces ren- contres du premier, du deuxième, voire du troisième type ? R acontars ou canulars pour les uns. Pour les autres, l'une des plus grandes énigmes du siècle. Les soucoupes volantes font parler d'elles depuis plus de trente ans. Et elles continuent à nous narguer. Surgissant soudain d'on ne sait où, elles déconcertent les témoins, puis s'éva- nouissent subitement. Il ne reste plus aux témoins qu'à épiloguer intermina- blement (souvent pendant des années) sur les différents aspects de l'apparition. Tout commença le 24 juin 1947 aux Etats-Unis. Un homme d'affaires avisé et pilote expérimenté (plus de 4 000 h de vol), Kenneth Arnold, était à bord de son avion, quand il fut intrigué par une formation de neuf disques plats lant dans le ciel à grande vitesse. - doc. duris tran Brantin Leurs mouvements étaient semblables, raconta-t-il, à ceux d'une «soucoupe ricochant sur l'eau ». Le mot était lancé. Et les apparitions se multiplièrent. Cela devint une véritable épidémie : 3 750 000 personnes "en" avaient vu, sur le seul territoire des Etats-Unis, selon un décompte fait en 1968. L'armée de l'air américaine prit la chose très au sérieux. La sécurité du pays était-elle menacée ? S'agissait-il d'une arme nouvelle? (La guerre froide venait de commencer...) Une commission d'enquête fut formée. Une commune curiosité rassembla des particuliers autour d'une nouvelle pas- sion, la chasse aux objets volants. L"ufologie" était née. De l'anglais UFO (Unidentified Flying Object), francisé en OVNI (objet volant non identifié). ▸ Ça m'intéresse 21 све: 2. Novaok тор www Les soucoupes volantes ont inspiré nom- bre d'illustrateurs. Ce croquis a paru dans « Cette géniale remarque de 22 Ça m'intéresse Descartes (dans l'essai sur les Météores) ne devrait jamais sortir de la tête des ufologues. Imaginons un moment qu'en fouillant dans le sous-sol on trouve parfois d'étranges "osnis" (objets souter- rains non identifiés). Combien le pro- bieme serait différent ! Et combien moins publicitaire ! Les infra-terrestres s'ils existent - se verraient créditer de vertus ô combien inférieures à celles des ovnis. Le ciel a de multiples aspects. Il est l'atmosphère où se déploient les mé- téores. Il est l'espace conquis par l'homme llonné d'aéronefs et d'en- ginaux. Il est l'espace géométrique où nous repérons les planètes et les étoiles. Il est aussi cette portion du territoire national où s'exerce un pouvoir et c'est bien pourquoi l'armée de l'air en expulse les intrus. Mais il est aussi le lieu des songes et des aspirations à la légèreté. Enfin, il est cet "en haut" où l'humanité situe son inspiration reli- gieuse et les symboles qui en descen- dent. Les soucoupes volantes traversent allègrement la totalité de cet espace multistructuré. - Etrangeté et haute crédibilité Essayons d'y apporter de l'ordre, en suivant comme guide Allen Hynek, un astronome américain qui s'occupe d'ovnis depuis 1948 et dont l'autorité en cette matière est reconnue mondiale- ment. La première tâche de l'ufologue consiste à dépister les confusions avec des phénomènes naturels, tels que pla- nètes, nuages, météorites, ou avec des engins humains, tels que ballons- sondes, avions de toute sorte, fragments de satellites ou de fusées. Autrement dit à trier les ovnis et les "ovis" (objets volants identifiés). Avec une remarqua- ble constance, qui doit être soulignée, il en ressort que les ovnis représentent environ 20 % des observations signalées. C'est beaucoup. Ensuite intervient un classement selon la crédibilité et le contenu du témoignage. Comment éva- luer la confiance que mérite un témoin? Il y faut une longue expérience. C'est bien là le coeur du problème et nous y, reviendrons. Quant au contenu du témoi- gnage, on peut évaluer son "étrangeté" en analysant les éléments qui compo-. sent la bizarrerie de l'ovni, tels qu'une trajectoire en zigzag, des effets de lumière, etc. Chaque observation est donc affectée d'un double coefficient de crédibilité et d'étrangeté. Est-il besoin d'ajouter que plus une apparition céleste est étrange, plus elle a besoin d'être" att tée avec une haute crédibilité ? Gamma Les ovnis se répartissent alors dans six cases différentes. 1) Lumières noc- turnes ce sont des objets lumineux de diverses couleurs qui suivent une trajec- toire insolite. 2) Disques diurnes : ce sont des objets de forme discoïdale ou ovoïde vus dans le ciel; ce qui frappe l'observateur, c'est tantôt leur immobi- lité, tantôt leurs brusques variations de trajectoire. 3) Observations radar-visuel, c'est-à-dire ovnis captés par radar en même temps qu'observés de loin à l'œil nu cas idéal, pourrait-on penser, où l'appareil et l'homme se corroborent mutuellement, mais hélas ! il n'en est rien; les échos radar sont, en effet, traités en temps réel par un ordinateur pro- grammé pour reconnaître les avions; le radar est donc une machine à détecter les avions, mais un médiocre chasseur d'ovnis. 4) Rencontres rapprochées du premier type: ce sont des objets observés à moins de 150 m qui restent souvent immobiles dans le ciel et disparaissent sans laisser de traces, sauf dans l'esprit des témoins. 5) Rencontres rapprochées du deuxième type: l'engin laisse une trace visible de son passagé, comme des empreintes sur le sol, ou des calcina- tions sur la végétation; les animaux se comportent bizarrement, les hommes se sentent parfois engourdis, les circuits électriques des voitures sont momenta- nément coupés. 6) Rencontres rappro- doc Roy Green Car Loc. R.D.tter plastic. dog Photri TR Ne vous y trompez pas : ces soucoupes ne sont en réalité que des nua- ges lenticulaires photo- graphiés dans le ciel de São Paulo, au Brésil! A droite, un document américain troublant. Mais le flou de ce cliché (pris dans l'Oregon, en 1966) peut aussi servir d'alibi à un trucage... Cette gigantesque tache blanche ne prou- ve rien : elle peut être due au seul impact d'un météorite entrant dans l'atmosphère. chées du troisième type: l'ovni est habité; il en sort des êtres vivants (déjà appelés ovnis sapiens); ils s'affairent entre eux, tenant généralement les témoins à distance; mais il leur arrive aussi d'échanger des signes avec ceux-ci. Ces derniers cas, spectaculaires, ont donné lieu à une abondante littérature que les sceptiques rejettent a priori. Un "classique" de l'ufologie: cette photo a été prise dans l'Ohio, en novembre 1967. doc. Ploter st Hynek refuse de traiter ces cas, écrit-il, car il n'a pas personnellement suivi de telles affaires Aux Etats-Unis, les per- sonnes prétendant avoir été enlevées par des extra-terrestres (il y en aurait 200) sont interrogées sous hypnose afin d'authentifier leur témoignage. - ce qui est pour le moins discutable. Or, des psychologues se sont livrés à une contre- épreuve. Ils ont interrogé de la même façon des volontaires, étrangers à toute préoccupation extra-terrestre, à qui un enlèvement imaginaire était suggéré. Les récits et dessins des uns et des autres étaient curieusement concordants. Mais cela, évidemment, ne démontre pas que des enlèvements n'aient pas eu lieu... L'ufologie est-elle pour autant devenue une science? Au sens strict, non. Il lui On a isolé les uns des autres ces jeunes écoliers du Pays de Galles, en leur demandant de dessiner, de mémoire, l'ovni qu'ils pré- tendaient avoir aperçu. Les souvenirs sont divers ! M. Taylor est un gar- de forestier écossais : il s'enorgueillit d'une observation rapprochée dans les sous-bois. Son dessin, en tout cas, est tout à fait explicite... faudrait une théorie et la possibilité de vérifier celle-ci par des expériences. Ainsi procèdent les sciences dites exactes, comme la physique. Mais il est une autre famille de sciences qui obser- vent des phénomènes apparemment capricieux sur lesquels elles n'ont pas prise la volcanologie, la météorologie, la sismologie, par exemple. On ne provo- que pas une éruption de velger pour vérifier une théorie, et il arrive aux météorologistes de se tromper dans leurs prédictions. Pourtant, ce ne sont pas de pseudo-sciences. Pourquoi? Parce que chaque manifestation d'un phénomène est pour les chercheurs l'occasion de faire des mesures, de prélever des échan- tillons, bref d'augmenter leur capital de connaissances. Press. / Part doc: 7.5e Grigo, Lamera. La véracité des témoignages L'ufologie s'apparente-t-elle à ces sciences? Très peu. En général, les passionnés de soucoupes volantes n'ont pas eu l'occasion d'en observer par eux- mêmes. Ils n'ont d'autre ressource que d'interroger des témoins. Leur démarche ressemble à celle de ces naturalistes qui étudiaient les animaux exotiques d'après les récits des voyageurs. (Comme ils nous amusent leurs dessins de girafes et de rhinocéros et toute leur "cryptozoolo- gie" !) Avant qu'un ovni ne soit soumis à des tests de laboratoire ou qu'un extra- terrestre ne soit acclimaté derrière des barreaux, l'ufologie ne sera pas une science majeure. Sur quoi travaille-t-elle alors ? Sur des témoignages. Elle cherche à appréhender un événement déjà passé, à partir de la mémoire des témoins. En ce sens, elle est cousine de l'histoire ou de l'enquête judiciaire, qui, à défaut d'être des sciences, sont considérées comme des disciplines sérieuses. Mais l'enquête ufologique ne porte pas sur un événe- ment humain, elle porte sur un phéno- mène supposé réel. Saisir un objet à Ça m'intéresse 23 travers un sujet, tel est sa problématique, son paradoxe mais aussi son charme. « J'étais sur la nationale 116, au volant de mon camion, roulant vers le nord- ouest. A environ 6 km de Levelland, j'ai vu devant moi une grande flamme, un peu à droite... J'ai cru que c'était un éclair. Mais quand cet oojet est arrivé à ma hauteur, ce n'était plus pareil, parce qu'il a éteint le moteur et les phares de mon camion. Alors j'ai arrêté, je suis descendu et j'ai regardé, mais c'était si rapide et pas mal chaud que je me suis jeté au sol. Il avait aussi des couleurs (jaune, blanc) et il ressemblait à une torpille, longue d'environ 60 m, faisant de 1 000 à 1 300 km/h. » Voici (rapportée par Hynek) la déposition spontanée que fit à la police un routier texan, le 2 novembre 1957. Quel crédit accorder à un témoignage de ce genre? En supposant le témoin de bonne foi ce qui doit obligatoirement être examiné était-il dans son état normal? Est-il sujet à des hallucina- tions? Que valent ses estimations de distance, de direction, de vitesse? Ne déforme-t-il pas involontairement ce qu'il a perçu? Son langage exprime-t-il ce qu'il veut communiquer? Problème important quand l'événement relaté sort de l'ordinaire. Il revient à l'enquêteur la tâche cruciale d'évaluer la véracité d'un témoignage, en se souvenant de cet adage de procédure judiciaire : «Le témoignage est la plus faillible des preuves.» Mais cela est encore insuffi- sant. L'enquêteur doit interroger le témoin sur des détails qu'il aurait pu oublier ou qui ne lui semblent pas importants, alors qu'ils le sont en fait. L'ufologue a envie de le soumettre à un examen de vue, à des tests psychologi- ques, de lui injecter le sérum de vérité. Mais voilà le témoin est venu spontané- ment, il ne faut pas le décourager. Au contraire, il est attendu ! Claude Poher a contourné la difficulté en interrogeant la cohérence interne de Un ovni dans l'espace? Non, une poussière sur le hublot de « Gemini 12». 24 Çamintéresse doe: Michel IN Deux scènes extraites de « l'Invasion des soucoupes volantes » d'Ed Hunt et des « Survivants de l'Infini» de Joseph Newman (à dr.): à défaut d'être parmi nous, les extra-terrestres font carrière à l'écran. l'ensemble des témoignages. Sa méthode statistique lui a valu d'être écouté dans les milieux scientifiques et techniques. Il me reçoit dans son bureau clair, ordonné, du Centre national d'études spatiales. Ici se prépare la France spa- tiale de demain. « Les Américains, déclare-t-il, ont tellement voulu faire la démonstration acharnée de l'existence ou de la non-existence des ovnis qu'ils en ont oublié d'étudier le phénomène. Il ne faut négliger aucune observation, même la plus mince. Il ne faut faire aucun choix préalable parmi les données, sinon le résultat serait faussé. La méthode statistique doit être globale. >> S'ap- puyant sur une somme de 5 000 témoi- gnages (six années de collecte), Poher a montré que les observations d'ovnis variaient en fonction de conditions météorologiques, de visibilité atmosphé- rique, de densité de la population exactement comme varient celles des objets aériens ou astronomiques classi- ques. Il sont donc aussi réels que ceux-ci et non l'effet d'hallucinations. En revanche, d'autres comparaisons indi- quent que le phénomène ne ressemble à aucun autre connu jusqu'ici. Cette exem- plaire démonstration de la réalité et de l'originalité des ovnis a vite fait le tour du monde de l'ufologie et lui a donné ses lettres de noblesse. - Ces travaux sont à l'origine du Groupe d'étude des phénomènes aérospatiaux non identifiés (GEPAN), unique en son genre. Sous patronage officiel et doté de moyens importants, ce groupe traque, l'ovni dans toute la France. Les rapports d'observation sont désormais établis par les gendarmes avec ce souci du détail qui leur est propre. Ils ont, en outre, vite de déjouer les plaisantins - qu'ils - fa does Heur n'apprécient pas. Plus homogènes, les rapports arrivent au GEPAN à la cadence de un tous les deux jours environ. Alors commence la digestion statistique, le rapprochement des données, leur ana- lyse scientifique. Le GEPAN progresse lentement mais sûrement sur ce terrain glissant. Ne voulant pas influencer les témoins, il s'abstient de déclarations fracassantes, ce qui ne manque pas d'exaspérer quelques autres ufologues... Un témoin, pas un suspect Rien de moins statistique que la démarche de René et Francine Fouéré, animateurs du plus ancien cercle fran- çais d'ufologues, le Groupement d'étude de phénomènes aériens (GEPA). «Gar- dons-nous de traiter le témoin en sus- pect. Sauf s'il cherche la publicité ou s'il est intéressé, nous le considérons Document Michel Granger comme sincère, dit René Fouéré. Nous cherchons l'observation forte", celle qui fera avancer la connaissance.» Une seule passion anime cet homme, la recherche de la vérité. L'énigme des soucoupes volantes lui donne l'occasion de la mettre à l'épreuve dans les condi- tions les plus équivoques qui soient. Autour de lui, dans les rayons de son bureau-bibliothèque perché sous les toits, se pressent les témoins de trente ans de trépidation ufologique. Cet homme fatigué, un peu désabusé, a tout vu, tout étudié. La jeune génération le déçoit. « Il faut être capable d'abandon- ner tout préjugé, tout préalable pour accepter la vérité, la vérité seule»>, me dit-il en guise d'adieu. On sait peu de choses sur les sou- coupes volantes, mais on commence à savoir ce qu'elles ne font pas. Elles n'atterrissent pas dans le champ de vision d'un photographe, disponible à point nommé pour la photo du siècle. Elles n'apparaissent pas devant un déta- chement militaire déployé sur le terrain, ou devant tout autre groupe capable d'apporter une fois pour toutes la preuve irréfutable de leur existence. Elles ne se laissent pas escorter par l'aviation. Au contraire, elles apparaissent dans des recoins perdus, elles viennent intriguer des passants isolés ou des noctambules. Elles jouent la comédie et sont agui- cheuses elles allument le désir d'en : savoir plus et elles disparaissent. Cham- pionnes de l'esquive et de la fuite, elles semblent agir en fonction des réactions humaines. Ce fait a été finement décrit par Bernard Méheust dans l'un des livres les plus originaux parus sur le sujet. Science-fiction et soucoupes volantes En simplifiant, la thèse de Méheust peut être résumée ainsi: depuis deux générations, notre civilisation entretient une rêverie collective, la science-fiction, Rencontre de type soviéti- que: les Russes ne divul- guent pas leurs archives sur le sujet. Cette photo moscovite est parvenue clandestinement jusqu'en Europe (à gauche). La terre a été brûlée sur un diamètre d'environ 30 mètres, dans ce champ de soja de l'Iowa, aux Etats-Unis (à droite). Se- rait-ce une empreinte tombée du ciel? doe ICLIFON Un étrange objet s'écrase dans le désert mexicain le 7 juillet 1948. L'armée et I'US Air Force entourent l'affaire du plus grand secret. Trente ans plus tard, l'ufologue américain Dennis Pilichis reçoit cette photo anonyme (prise peu après la chute de l'épave) d'une créature calcinée. Les restes d'un extra-terrestre ont-ils été recueillis et l'affaire étouffée? En fait, il ne s'agirait que d'un mal- heureux singe de labora- toire enfermé dans une fusée allemande V2 cap- turée en 1945 par les Américains. C'est pour couvrir ces essais secrets, disent certains, qu'aurait été propagée la rumeur des soucoupes volantes... porteuse des hantises d'une technologie qui échappe à ses promoteurs. Or, la plupart de ses thèmes (îles spatiales, machines volantes, humanoïdes, enlève- ments dans l'espace, rayon paralysant et autres) se retrouvent dans les récits des témoins des évolutions soucoupistes lesdits témoins ignorant généralement tout de la science-fiction... Cette littéra- ture anticipe les apparitions d'ovnis et celles-ci semblent platement matériali- ser une prose écrite quelques décennies plus tôt. Or les deux ne se renouvellent guère: la science-fiction ressasse indéfi- niment un discours monotone; et on est surpris d'être si peu surpris par des engins volants qui semblent être la réponse convenue à une attente résignée. C'est comme si une boucie se refermait entre l'espace et le mental. Comment interagissent-ils? Une énigme de plus à mettre sur le compte des soucoupes. Chypothèse des extra-terrestres Plus que tout autre, le psychologue Jung y fut sensible. A quatre-vingt-trois ans, il voulut inviter ses contemporains à méditer sur ces "signes du ciel". Pour lui, quelle que soit leur réalité physique, ils manifestaient des contenus psychi- ques latents. Le pilote concentré sur son tableau de bord (alors que son être aspire à remplir le vide incommensura- ble de l'espace) et le citadin choyé qui se retrouve une nuit seul avec lui-même voient surgir dans le ciel des compensa- tions à la banalité raisonneuse et raison- nable de notre quotidien. Cela se fait inconsciemment. Ils n'y peuvent rien. Cette "rumeur symbolique" est un aver- tissement : notre civilisation est malade d'elle-même. Mais laissons ici Jung. Les soucoupes volantes ne seraient- elles donc que les fantômes de nos désirs et de nos effrois ? Certainement pas. Le Ça m'intéresse 25 phénomène physique coïncide avec le phantasme humain (comme dans le cas de l'arc-en-ciel). Mais la dimension psy- chique des ovnis est encore hypothéti- que. L'esprit humain n'a peut-être rien à faire dans ces galères spatiales. Mais alors, d'où tiennent-elles leur virtuosité manœuvrière ? Une seule réponse : elles sont pilotées par des êtres intelligents et dotés d'une technologie bien plus avan- cée que la nôtre. La séduisante "hypothèse extra-terrestre" a été avancée dès les premières apparitions. Est-il raisonnable de postuler l'exis- tence d'êtres intelligents vivant en dehors de notre planète ? Disons-le tout net affirmer que la race humaine proli- férant sur l'écorce terrestre est seule et unique dans le vaste monde est de la pure mégalomanie ! C'est réactualiser la vieille hérésie géocentrique qui mettait la Terre au centre de l'Univers. Des astro- nomes américains se sont livrés à une estimation : il y a environ 200 milliards d'étoiles dans notre Galaxie (et il y a au ape Vous observez un objet céleste insolite: que faut-il faire? Il s'agit de se rappeler le maximum de détails pour les transmettre au GEPAN. . Cherchez à ne pas être témoin unique : attirez l'attention d'autres personnes; n'ou- bliez pas leurs nom, adresse, téléphone. . Le plus tôt possible, notez tout: date, heure, durée de l'observation, position du phénomène dans le paysage (avec croquis, si besoin est), sa distance par rapport à vous, sa forme, sa dimension apparente évaluée à bras tendu (voir croquis ci- dessous), sa couleur; éventuellement, bruits et odeurs qui s'en dégagent. . Si le phénomène est proche, prenez quelques photographies, si possible, et relevez les réglages de votre appareil. . Si l'objet attèrrit, ne faites aucun prélè- vement sur place, ils n'auraient aucune valeur scientifique; déterminez avec exac- titude la zone touchée, protégez-la des dégradations s'il y a lieu et avisez la gendarmerie locale. Dans tous les cas, n'hésitez pas à déposer votre témoignage auprès de la ☆ ≈2⁰ James Andansſon / Segna La dimension apparente d'un objet est l'angle sous lequel il vous apparaît. 26 Ça m'intéresse moins 1 million de galaxies dans l'Uni- vers); 10 000 à 1 million d'étoiles se trouveraient à un stade d'évolution comparable à notre Soleil et seraient susceptibles de posséder une planète semblable à la Terre. Pourquoi les cir- constances qui ont permis à la vie de se développer sur notre planète ne se seraient-elles pas produites aussi sur d'autres ? Des races d'humanoïdes peu- plant les dizaines de milliers de planètes de notre Galaxie auront forgé des civili- sations de haut niveau qui seraient mues par les mêmes curiosités que nous- mêmes. Avec quelques siècles ou millé- naires d'avance sur notre civilisation (un clin d'œil, à l'échelle cosmique), de quoi ne seraient-elles pas capables ? Ce seraient ces humanoïdes ou leurs robots télécommandés qui viendraient nous visiter à bord des ovnis. Mais les sceptiques conçoivent mal que les extra-terrestres (s'ils existent) entreprennent un voyage interstellaire d'une durée démesurée dans le seul but Lors de la visite des témoins, la gen- darmerie ne va négliger aucun détail. gendarmerie. Les brigades sont informées de la procédure à suivre : en cas d'urgence, elles préviennent le GEPAN; sinon, elles lui transmettent un rapport détaillé. S'il ne vous est pas possible de joindre les gendarmes, l'observation peut être signalée, par téléphone, directement au GEPAN: (61) 53.11.12, poste 4509 (répon- deur automatique). Toute observation est intéressante, même insolite. Le GEPAN respecte scrupuleuse- ment l'anonymat des témoins. Il compte sur toutes les bonnes volontés pour faire avan- cer ses travaux de recherche. ☆ ~20⁰ A bras tendu, le pouce fait 2, le poing, 10° et les doigts tendus écartés, 20°. de se livrer à quelques zigzags au ras de nos pâquerettes. Supposer que, parmi le million de planètes habitées, ils aient justement choisi d'aller visiter la nôtre, c'est encore de la présomption géocentri- que. Et puis, un voyage jusqu'à la ban- lieue galactique de notre Soleil durerait des siècles. Quel être intelligent s'y risquerait? A quoi les partisans de l'hypothèse extra-terrestre rétorquent : « Nous ignorons tout des extra-terrestres. Nous n'avons pas la moindre idée de ce qu'ils cherchent sur notre planète. Il est donc absurde de leur faire un procès d'intention. Quant à la durée du voyage, nous l'ignorons aussi. Dans l'état actuel de nos connaissances, il nous est certes interdit d'envisager une vitesse supé- rieure à celle de la lumière; mais connaissons-nous tout de la réalité ? » Filant le long des courbures de l'espace- temps, les extra-terrestres pourraient, en fait, venir par court-circuit des régions les plus lointaines de l'Univers. Les pouvoirs de l'esprit humain Le merveilleux fait toujours rêver. Rêvons donc encore un peu. Les extra- terrestres disposent de pouvoirs prodi- gieux et ils nous dépassent en intelli- gence. Ils nous ont déjà jaugés à distance, ils nous manipulent. Déjà, ils ont choisi quelques citoyens de la planète Terre; ceux-ci sont en contact télépathique avec ces entités supérieures. Les ovnis ne sont même plus nécessaires : un simple aver- tissement à l'usage des foules. Ainsi, la rêverie cosmique revient élargir, par un singulier détour, l'espace mental du rê- veur. Des autres planètes, elle nous a menés aux étranges pouvoirs de l'esprit humain. Dans ce trip, nous avons tourné autour du seul pivot dont nous puissions être assurés : notre ignorance. Au fond, les ovnis sont énigmatiques, irritants, obsé- dants pour une seule raison : ils nous rappellent l'étendue de notre ignorance. Un conseil, pour terminer. Si vous rencontrez une personne qui dit avoir été "contactée", écoutez-la calmement. Elle cherche à rétablir le contact, l'extra- terrestre qu'elle recherche, c'est vous. Michel Ellenberger POUR EN SAVOIR PLUS . J. Allen Hynek, les Objets volants non identi- fiés : mythe ou réalité ? J'ai lu. Bernard Méheust, Science-fiction et sou- coupes volantes, Mercure de France. . Les notes d'information du GEPAN peuvent être obtenues au CNES, 18, av. Edouard-Belin, 31055 Toulouse Cedex. Phénomènes spatiaux au GEPA, 69, rue de la Tombe-Issoire, 75014 Paris. Lumières dans la nuit aux Pins, 43400 Le Chambon-sur-Lignon.